Dure vie sans liberté...(libre)

" Ne... Ko ? Absurde. Pitrerie. "
Calypso Sharo refusa de croire ça. Un Chat est un chat, un humain est humain, point. D'autant plus qu'il était parfaitement illogique que les seules caractéristiques physiques soient les oreilles et la queue, ainsi qu'il était impossible que... que ÇA retombe sur ses pattes. Sur ses pieds, si l'on pu dire. Pourtant, il fallait qu'elle se rende à l'évidence, et que les hybrides existaient vraiment. Malgré qu'ils n'aient que les oreilles et la queue. Calypso se promit d'en voir un vrai avant de mourir.
Et aujourd'hui, Calypso pouvait le faire. Elle venait d'arriver en ville et s'amusait fortement des Hybrides qu'elle voyait se promener dans la rue. Elle avait appris qu'elle pouvait adopter un hybride et, après réflexion, l'idée d'en sauver un d'un traitement néfaste probable. Elle entra dans une animalerie spécialisée, et fut submergée par l'odeur animale.
De toute part, des hybrides chats. Calypso se couvrit le nez. Un vendeur l'accosta, lui demandant ce qu'elle souhaitait.
- Je veux... Voir un chat ?
Le vendeur pouffa au mot "chat", mais il comprit évidemment ce qu'elle voulait dire. Il l'emmena devant différentes cages, qui ne contentèrent pas Calypso. En fait, elle était très déçue. Ces bêtes-là n'étaient que de sombres poules mouillées. Calypso remercia le vendeur par politesse et fit le tour, mais tout ce qu'elle vit, c'était des êtres terrifiés. Pitoyables.
Une bête intrigua Calypso. Un mâle, là, dans une cage. Elle s'approcha de la cage, doucement. Elle observa un peu l'animal. Finalement, peut-être y en avait-il un qui n'était pas si froussard que ça ?
- Bonjour... Tu n'es pas trop à l'étroit dans cette cage ?

Calypso se sentit idiote à parler au Neko. C'est vrai, un Neko n'est pas un humain. Elle avait l'impression de parler à un chat, et Dieu sait que les gens ordinaires ne parlent pas aux chats. Mais, elle n'était pas la seule à le faire, ce qui atténua un peu son ridicule. Le chat dans la cage lui demanda si elle venait pour lui. Elle eut envie de le contredire, et de partir comme ça, juste parce qu'elle s'en amuserait. Enfin quoi, si elle était venue le voir, lui avait adressé la parole et avait son sac-à-main, elle n'était pas là pour faire une belote. Mais il fallait croire que ce chat n'avait pas ce sens logique. Et si elle disait qu'elle n'était pas là pour lui, dans son sens ironique, il se vexerait à coup sûr. Mais quand elle ouvrit la bouche et poussa un peu la voix pour répondre, elle dit :
- Non, je suis là parce que je n'ai rien à faire.
Confuse, Calypso rougit. Quand la pensée dépasse la volonté.
- Je suis désolée... Je ne voulais pas le dire... s'excusa-t-elle piteusement.
Elle sourit à l'animal enfermé. L'air idiote ? Activé. Tant mieux. Elle regarda l'hybride enfermé.
- Peut-être que je suis là pour toi...
Calypso appréciait beaucoup le fait que l'hybride l'ait vouvoyée. Enfin, elle l'aurait plus apprécié si il était un humain. Là, il donnait un peu une impression de supériorité à Calypso qui fut certes flattée mais aussi déçue. Elle tenait les Nekos pour plus haut dans son estime.
Elle regarda le prix de l'animal. Idiot. Démesuré. Absurde. Plus cher qu'un chat ordinaire de race. Elle contempla longuement la bête. Il avait l'air assez physique. Tenter une escapade ? Non, idiot. Elle ferait du chantage, peut-être le vendeur passerait... Non, on éviterait l'illégalité. Mais payer autant... En même temps, ce n'étaient pas les moyens qui manquaient à Calypso.
Peut-être Calypso adopterait-elle cet animal-là, finalement.

Le vendeur dut penser que Calypso prenait trop de temps à se décider, que le chat lui disait n'importe quoi ou quelque autre aberration, car il tapa dans la cage en ricanant. Un rire mauvais, à la hauteur de son acte, qui dut blesser le Neko. Elle lança un regard mauvais au vendeur et reporta son attention sur le chat, mais avant qu'elle puisse s'intéresser à lui, il lui indiqua que sa race aussi avait un cœur. Bien sûr qu'elle avait un cœur !
- Évidemment que tu as un cœur, sinon tu ne pourrais pas vivre... lâcha-t-elle, consciente qu'elle parlait du sens propre et lui du sens figuré.
Le chat parlait beaucoup, et ses discours étaient parsemés de "miaw" agaçants. Mais Calypso ne pouvait pas les supprimer, comme elle ne pouvait supprimer ses oreilles ou sa queue. Elle s'indigna légèrement des paroles du chat. Mais au moins, il n'avait pas ce ton froussard qu'avaient les autres. Elle prendrait celui-là, plus que les autres en tout cas. Mais elle voulait d'abord faire plus ample connaissance, cerner un peu plus le personnage. Adopter un animal et le regretter ensuite, c'est à éviter, bien qu'elle pensât qu'il soit plutôt du genre indépendant. Finalement, elle ne l'adopterait pas, du moins elle ne le forcerait pas. Elle lui rendrait juste sa liberté. Mais avant, il fallait juste s'assurer qu'il n'était pas un criminel. Calypso devait nouer amitié avec lui.
- Hum. Je m'appelle Calypso, et toi ?
Puis elle lança un nouveau regard au panneau indiquant le prix. Quand même, c'est cher la liberté.

Chose étrange, l'animal (qui se nommait en fait Kite) pleura quand Calypso lui demanda son nom. Elle eut peur de l'avoir mis mal à l'aise, bien qu'à l'instant, ce soit elle qui soit mal à l'aise. Elle se demanda seulement ce qu'elle eut fait de mal et lança à Kite un regard plein de compassion qui se voulait réconfortant, bien qu'elle ne le contrôle pas vraiment. En tout cas, sa position vis-à-vis du prix ne devait pas être très discrète, puisque Kite commença à vouloir la rembourser... Il voulait tant que ça sortir de cette cage ? En même temps, Calypso comprenait. Même si elle n'aurait jamais proposé de rembourser...
- Pourquoi veux-tu me rembourser ? La liberté n'a pas de prix.
Et puis, après réflexion, il n'était qu'un pauvre petit neko. Que voulait-il faire pour gagner de l'argent ? Il n'avait aucun moyen. En fait, le laisser seul dans la nature était irréfléchi.
- ... Et puis comment veux-tu me rembourser ? Tu ne peux pas travailler ! Tu ne voudrais pas faire la manche ! Il te faudrait des années pour réussir à arriver à une somme considérable.
Calypso pensa qu'elle n'avait plus qu'à payer, tant pis. Comme elle l'avait dit, la liberté n'a pas de prix, et n'en aura jamais.

Kite avait vraiment envie de sortir. Pourquoi ne s'enfuyait-il pas? C'était tellement plus simple. En même temps, peut-être le métal des cages était-il trop dur. Hum, on pourrait faire tant d'autres choses plus bénéfiques avec ça... Bref, on n'était pas là pour penser à ça. Elle acquiesça... quelque chose en silence et adressa un clin d'oeil à Kite.
- Tu sortiras d'ici et tu n'auras rien à faire.
Calypso alla voir le vendeur, qui ne l'avait pas quitté des yeux depuis qu'elle était entrée, laissant seul Kite. Le vendeur lui sourit, et demanda comment elle payait. Comment elle payait ? Très bonne question. Elle sortit une carte qui se trouvait dans son sac, ce qui déclencha quelque chose en le vendeur. Il se mit à lui proposer un tas d'articles plus farfelus les uns que les autres: colliers en cuir, colliers étrangleurs, laisses, fouets, cravaches et autres. Calypso était très gênée. Elle prit un collier en cuir banal et une laisse réglable pour la forme et pour le cas où Kite soit un fauteur de troubles, et écarquilla les yeux en voyant la note finale.
- C... C'est une arnaque ! Ce prix ! Pour rendre le peu de dignité à un animal ! Une honte ! Allez périr, je ne paierais pas plus que ça, dit-elle en posant deux billets sur le comptoir. Elle attrapa la clef que tenait le vendeur et s'approcha de la cage de Kite.
- Ne m'attaque pas, n'attaque personne, ne fais pas de bêtise.
Elle fit tourner la clef et ouvrit la cage. Le vendeur, encore abasourdi, n'avait pas réagi. La cage s'ouvrit, et Calypso attacha la laisse au collier puis le collier au Neko. Mesure de sureté. Finalement, peut-être devrait-elle poser un billet de plus sur le comptoir...

Calypso se doutait bien que le collier abaissait la dignité de Kite, mais ce n'était que pour la forme (et au-cas-où il tentait un acte de rébellion). Et puis elle ne pouvait pas lui attacher directement la laisse. Donc, le collier était de rigueur. Et il dérangeait effectivement Kite. Elle tira un peu la laisse, indiquant à Kite qu'il était temps de bouger, et sortit, laissant là un vendeur toujours bouche bée et un peu sonné. Sans faire attention à ce que Kite faisait, elle sortit, heureuse d'enfin quitter cet endroit puant où à la base, elle ne devait rien acheter. Et elle en sortait accompagnée d’un Neko. Ironie du sort. Elle voulait juste voir ce que c’était et en avait adopté un. Elle se tourna vers Kite et retira son collier.
- Voilà, tu es libre. Je pense qu’il y a un clan rebelle à proximité. Ou sinon…
Calypso ne voulait pas forcer Kite à faire quoique ce soit, ni influencer son choix. Elle s’était promise de faire connaissance, mais finalement, s’il était mauvais, il finirait par se faire avoir. Et ce serait tant pis pour lui. Elle n’en avait plus rien à faire. Pour l’instant, sa seule préoccupation était de savoir que faire des accessoires. Réutiliser le cuir ? non, il n’était pas d’assez bonne facture. D’ailleurs, si Kite aurait voulu l’enlever, il lui aurait suffit de tirer un bon coup, la laisse aurait facilement cédé.
Même si malgré elle, elle souhaitait un peu que Kite reste avec elle. Mais, elle ne choisissait pas. Elle lui laisserait sa liberté, comme convenu.
- Ou sinon, tu restes avec moi … Mais je ne te force pas. Tu fais ce que bon te semble.

Calypso songeait déjà à ce qu’elle ferait, maintenant qu’elle avait sa bonne action du jour, mais Kite la tira de ses songeries en formulant le vœu de rester avec elle, ce qui la ravit. Elle ne voulait pas être seule, mais refuser de se faire à l’idée qu’elle aimait bien que Kite reste avec elle. Surtout qu’elle ne le connaissait pas, et qu’il la vouvoyait, ce qui montrait bien qu’elle lui était supérieure. Mais s’il voulait rester, on allait pas le contredire, pas vrai ? C’est alors qu’une idée frappa Calypso de plein fouet. Les Nekos sont souvent abusés sexuellement. Kite n’attendait peut-être que ça. Elle lui lança un regard soupçonneux. Cel a semblait étonnant, mais après tout, elle ne le connaissait pas vraiment. Et s’il n’était qu’un hybride pervers en fait ?
- Je ne suis pas une violeuse. Je ne pelote personne. Si c’est à ça que tu t’attends.
Calypso s’attendait déjà à voir une expression déçue sur Kite, mais elle s’en fichait en fait. Devant la porte de l’animalerie, elle avait l’air de faire la manche, et détestait cette impression. « J’ai besoin d’argent pour mon neko ! Donnez-moi ! » avec un accent digne du cliché habituel. Elle fit un signe à Kite.
-Si tu veux rester même si je ne suis qu’une sainte personne, viens, on ne va pas rester là longtemps. Si ?
Et elle s’éloigna un peu, s’arrêtant devant une devanture de magasin alléchante, en se demandant ce qu’elle ferait maintenant, et si le vendeur de l’animalerie avait finalement réagi.

Calypso était rassurée. Kite n’était pas un de ces fous furieux obsédés. Un bon point. Elle n’aurait pas apprécié qu’il essaie de la prendre au détour d’un recoin sombre et obscur, avec des mains baladeuses et un sourire fou. Brr.
Kite manifesta son désir de changer d’endroit. Pour aller où ? Où emmener un neko fraîchement adopté ? A la maison ? Mais il n’avait pas d’affaires, c’était inutile. Et puis Calypso n’avait nullement envie de rentrer. Elle voulait aller magasiner, tiens. C’était une idée. Mais… Elle lança un coup d’œil à Kite. Un neko mâle n’aimait sans doute pas ça. Et alors ? Il n’avait qu’à partir. Oui mais Calypso ne voulait pas qu’il parte, et lui non plus. Peut-être avait-il faim ? Elle l’observa. Elle ne pouvait pas s’en occuper, puisqu’elle ne savait pas que faire. Devait-elle s’en occuper comme d’un chat ou d’un humain ? Et puis, elle ne pouvait pas le traiter comme un enfant, il n’avait pas l’air enfantin. Elle se promit de lire quelques notes de son père qu’elle avait rapportées… quand elle y penserait. Néanmoins, pour le moment, que devait-elle faire ? Lui payer un saumon ou l’inviter au restaurant ? Et si ça se trouvait, il n’avait pas faim. Calypso opta donc pour un haussement d’épaules et un :
- Où veux-tu aller ?
Lâché dans le plus simple appareil, en attente d’une réponse claire, nette et précise.

Calypso se demandait vraiment que faire avec ce Neko . Ce Neko qui s’obstinait à rester. Il la suivrait, partout où elle irait. Il lui jurait fidélité et amour… Non, pas vraiment, mais c’est ce que Calypso pensa en premier. Quand elle s’agaçait, elle pensait à n’importe quoi. Même à un remake d’un navet. Comme si ça ne suffisait pas, Kite continua à s’obstiner, sauf que cette fois-ci, il le manifesta en rapprochant son visage. Son visage d’humain aux oreilles de chat. Calypso eut un mouvement de recul. Quel geste déplacé ! Il n’avait qu’à l’embrasser directement, ce serait plus rapide. Heureusement, il se recula bien vite, au grand bonheur de Calypso. D’ailleurs, elle remarqua que le collier le gênait de plus en plus. Elle fit mine de l’ignorer. Il n’avait qu’à pas être si entreprenant.
- Je veux bien que tu me suives, mais actuellement, il faudrait que tu me dises où voudrais-tu aller. Il y a bien un besoin que tu as besoin de remplir, actuellement. Je ne sais pas, tu as faim, peut-être… ?
Calypso se demandait s’il était nourri, en cage, et si oui, s’il était bien nourri. Il n’avait pas l’air de mourir de faim, mais n’avait pas l’air repu non plus. Peut-être avait-il sommeil, mais il n’avait pas l’air fatigué non plus. Peut-être que tout ce qu’il voulait c’était sa liberté. Calypso opina et lui retira son collier, en n’oubliant pas de le mettre dans son sac à main.
- Vas, tu es libre, et que je ne peux rien faire de toi.
Et sur ce, elle tourna lentement les talons, se maudissant, se demandant pourquoi elle avait libéré ce chat. Elle n’avait que faire d’un Neko mais… Elle préférait ne pas rester seule, mais elle était persuadée que tout ce que voulait Kite, c’était vivre sa vie.

Calypso était étonnée que Kite voulût rester avec elle. Elle n'avait rien fait pour. Elle soupira. Même si elle était touchée et heureuse de ce fait, elle avait perdu une certaine partie de ses économies et de sa liberté. Et ce n'était pas la reconnaissance du chat qui allait lui rendre. Mais si il voulait rester, elle n'allait pas l'en empêcher. Mais cela n'aidait nullement Calypso; que devait-elle faire maintenant? Elle soupira à nouveau. Elle eût très envie de magasiner. La bijouterie semblait l'appeler. L'appâter avec la joaillerie étincelante. Calypso secoua la tête et jeta un regard à ce Neko qu'elle venait de sauver et qui venait de vider son portefeuille. Portefeuille qu'elle remplirait bien vite. Elle fit un signe au chat, lui indiquant qu'il devait la suivre.
- Je ne sais pas où aller. As-tu besoin de quelque chose? Manger ? Dormir ... ?
Ceci dit, "dormir" serait plutôt gênant, car elle ne voulait pas rentrer chez elle. Et puis, elle n'avait pas particulièrement envie d'user le peu d'économies qu'il lui restait en nourriture pour chat. Et puis, ça mangeait quoi un Neko ? Du thon en boîte ? Ou du saumon fumé? Comme un gentil minou ou comme un humain? Et puis, Calypso ne s'était jamais posé la question.Elle n'avait jamais fréquenté d'hybride.
Calypso attendit patiemment la réponse de Kite, fantasmant encore sur ces sublimes bijoux présents dans la vitrine.

Kite voulait du poulet. Et où trouvait-on de la volaille ? Calypso réfléchit et se résigna. Elle l’emmènerait au restaurant, il devait bien y avoir du poulet dans celui en ville. Le Neko demanda à Calypso comment vivaient les humains, ce qui l’amusa et la fit rire doucement. Sans doute faisait-elle mauvaise impression sur lui, à cause du vendeur qui ne semblait pas très clément avec les chats.
- Je ne sais pas si nos deux espèces peuvent réellement cohabiter ensemble. Il y a toujours un complexe de supériorité…
Calypso réfléchit quelques instants. Elle était nouvelle en ville, et ne la connaissait pas sous tous ses recoins. Mais trouver un restaurant n’était pas si difficile… Elle scruta la rue, cherchant en vain un panneau publicitaire qui lui donnerait l’illumination. On trouvait tout sur les panneaux publicitaires. Mais là, il n’y avait pas de restaurant. Calypso maudit ces panneaux publicitaires qui n’étaient jamais là quand il le fallait. Elle soupira, résignée. Elle ignorait totalement où aller.
- Ce n’est pas que je ne veuille pas te nourrir, mais je ne sais absolument pas où se trouve le restaurant…